Femme Médiévale
Rôle social
Les femmes du petit peuple et les bourgeoises
jouissent d'un assez grande liberté. Majeures à douze ans, elles sont libres
de gérer leurs biens, de se marier, de voter même !
Bien des métiers leur sont accessibles.
La femme du paysan devait aider à la ferme, la femme du noble
bourgeois devait aider avec le commerce, la femme pauvre travaillait chez les
Seigneurs ou comme servante chez les nobles.
Les femmes qui entraient au couvent devaient aussi travailler à s’occuper des
malades et des lépreux.
Pour
la femme noble, il en va tout autrement.
Dans l'univers violent, agressif, essentiellement viril des châteaux,
elle ne compte guère. Son sort est lié à la terre, seule garantie du pouvoir.
Ainsi est-elle
une monnaie d'échange pour les seigneurs qui désirent accroître
leurs biens et assurer une descendance.
Les fillettes sont promises parfois dès leur naissance à des hommes souvent bien plus âgées qu'elles. Leur rôle est pourtant non négligeable puisqu'en l'absence de leur époux qui, lorsqu'il n'est pas en guerre, s'adonne à la chasse, c'est à elles de gérer et d'administrer leurs biens.
Le prestige de la DAME, l'épouse du seigneur est considérable
dans le cœur des guerriers. Elle cristallise leurs rêves, leurs désirs,
leurs espoirs. Le chevalier doit se montrer prêt à mourir héroïquement
pour son amie, alors que celle-ci est censé le protéger par son amour et
lui inspire vaillance et courage. Mais l'union des cœurs devient le principe de toutes les vertus. L'amour devient un art, une mystique, une exaltation de l'âme et une délicieuse souffrance. |
Activités
Une jeune femme
se rendant à l'église devait automatiquement être accompagnée d'une prude
femme, et devait marcher "la tête droite, la vue étant devant elle à
quatre toise, et bas à terre".
De plus, elle
ne devait ni rire ni parler à qui que ce soit.
Une fois arrivée
dans l'église, elle devait choisir "un lieu secret et solitaire, devant
un bel autel ou une belle image", y prendre place sans s'arrêter et la
tête droite. Durant la messe, elle devait avoir "aussi continuellement
le regard sur son livre, sans regarder homme ou femme, peinture ou autre chose,
et (avoir) le cœur au ciel et (adorer) de tout son cœur dans un
sentiment de noble piété.
En agissant
ainsi, et en se confessant souvent, la femme s'assurait l'honneur et la félicité.
Selon
l'Eglise
catholique romaine, la seule tâche importante des femmes consistait en faire
des enfants. C'était aussi la plus dangereuse : pour accoucher, la femme, vêtue
des pieds à la tête et assise bien droite sur un tabouret spécial, était aidée
par des sages-femmes expérimentées, mais dont les méthodes peu hygiéniques
causaient souvent la mort de l'enfant et de la mère.
Cependant, l'épouse
joue un rôle essentiel dans la vie des seigneurs. Souvent d'origine plus
noble que son mari, elle gère la fortune issue des moulins, fours et
pressoirs. Elle surveille la rentrée des taxes et redevances, et reste la
garante du "sang familial" , dans la mesure où elle engendre
des fils.
L'enfantement
reste son premier rôle, et il n'est pas rare qu'à quarante ans elle ait
subit une dizaine d'accouchements. Quand elle y survit, souvent veuve
alors, et respectée, elle exerce une influence considérable sur ses
fils. Dans les châteaux,
à partir du XIIe siècle, elle bénéficie d'un espace domestique fait de
petites pièces meublées, pourvues de cheminées et tendues de
tapisseries |
Premières notions
de féminisme
La poétesse Christine de Pisan (qui meurt à peu près en même
temps que Jeanne d'Arc) est la première "féministe" à dénoncer
l'inégalité des sexes.
Ainsi, elle soutient que "si la coutume était
de mettre les filles à l'école, elles comprendraient subtilités d'art et de
science comme il faut".
Les hommes entretiennent les femmes dans une ignorance dont ils
osent ensuite se gausser !
Tout le savoir d'une femme doit se borner à tenir une maison et à
obéir à son époux. Deux choses sont essentielles pour elle :
"la
salvation de l'âme et la paix du mari" ; la première passe d'ailleurs par
la seconde car seules les femmes soumises gagnent le Paradis !
Il faut se méfier des séductions de la mode et
éviter d'attirer
les regards. Pas de décolleté trop hardi, de corsage ajusté ou de hennin démesuré
! Dans la rue elle doit marcher "la tête droite, les paupières basses, la
vue droit devant soi quatre toise et à bas terre, sans regarder homme ou femme
qui soit à droite ou à gauche" ! Ces préceptes austères ne sauraient
malgré tout dissimuler une relative liberté des mœurs. Une femmes maquillée
est "damnée sans rémission"., tandis que celle qui avoue avoir
"dix ou douze fois couché avec son écuyer" ne risque que le
Purgatoire !
Pour conjurer le péril féminin, la société médiévale reprend
la tradition du "harem" islamique et du "gynécée" grec.
La
"chambre des dames", au plus secret de la maison, est un domaine réservé,
jalousement gardé par une veuve de la parenté (et non l'épouse du maître de
maison, souvent trop jeune).
Le temps se passe en travaux d'aiguille. Seuls les hommes de la
famille y ont accès. Ils y viennent après souper se faire masser, peigner ou
épouiller. Entre la paysanne accablée de besognes et d'enfants et l'épouse
d'un commerçant aisé, l'abîme est immense. C'est au nom de toutes cependant
que l'humaniste Jean de Montreuil fait dire à l'une de ses héroïnes :
"Ainsi nous, femmes innocentes, nous serons toujours maudites par ces
hommes qui se croient tout permis, et au-dessus des lois, tandis que rien ne
nous est dû (...) Nous ne sommes pas des compagnes mais des captives ou des
esclaves achetées... Ils sont sévères pour les autres et indulgents pour soi
: ce sont des juges iniques".