Geisha
LE MYTHE
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S'il
est un mythe qui a la vie dure, c'est bien celui de la Geisha. Associé à
la prostitution en Occident, ce cliché a totalement dévalorisé cette
tradition. Il suffit de regarder les regards équivoques de certains
Occidentaux au simple énoncé du mot Geisha pour comprendre que tous les
fantasmes d'exotisme, plus ou moins douteux, trouvent ici un bon prétexte. Leur mauvaise réputation vient des hôtesses, dites makura geisha, littéralement "dame d'oreiller", engagées lors des réunions pour messieurs seuls qui ont lieu à l'hôtel. Elles se vêtent du kimono traditionnel, sans arborer le maquillage consacré, chantent et dansent - mal en général - le même répertoire que les geisha et servent du whisky ou du saké au lieu de thé, avant de former des couples avec les invités. S'il est vrai que certaines Geishas de bas niveau s'adonnaient à la prostitution, il en est autrement de la grande majorité des véritables professionnelles de l'Art de Vivre dont la sophistication a toujours été à l'opposé du monde glauque qu'on leur attribue. |
Du
Japonais Gei ( Art ) et Sha ( la personne), le nom de cette profession décrit
bien son domaine : savoir par leur culture animer une réunion ou un dîner pour
plusieurs invités. Leur instruction méthodique de l'art de la danse, du chant
ou de poésie destinent ces professionnelles à divertir des personnalités
riches et cultivées.
Les
Geishas de Kyôto, qui en réalité sont appelées les Geiko, et leurs
apprenties ( les Maïkos ) sont aujourd'hui encore l'un des héritages les plus
vivants de la Tradition Japonaise, et jouent ainsi un rôle culturel que nombre
d'occidentaux sont incapables d'imaginer.
L'HISTOIRE
L'histoire
des Geishas est relativement récente. Apparues vers 1660 à Edo, elles
furent rapidement appréciées par leur éducation et leur raffinement
dans l'art de converser et leur élégance. Elles devinrent assez vite les
confidentes des hommes de la haute société ou des détenteurs du
pouvoir. Mais en 1700, un décret Shogunal voulut réglementer cette
nouvelle profession et obligea les Geishas à résider dans des
"quartiers réservés" Devant
ce regroupement forcé avec les prostituées des quartiers de
"plaisirs", un certain nombre de Geishas décidèrent de quitter
leur "maison" ( Okiya ), établissement auquel elles
appartenaient. Elles se regroupèrent alors en écoles à Gion ( Kyôto )
et Fukagawa ( Edo ). Ce sont elles qui maintinrent la tradition intacte la
tradition et la culture des Geishas. Dans
les quartiers "réservés", les anciennes Geishas devinrent de
simples courtisanes, dont seul le costume gardait un lien avec leur
origine. A la fermeture de ces quartiers, elles disparurent également,
laissant les seules Geishas perpétuer la véritable tradition et le
maintien de cette profession. Après la deuxième guerre mondiale, le
nombre de Geishas se réduisit de plus en plus. |
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LA FONCTION
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Les
Geishas sont des artistes spécialement entraînées aux arts du
divertissement. Cette fonction comprend la danse, le chant, mais également
l'art de la conversation. Tous ces talents doivent être déployées pour
animer et "enchanter" une rencontre ou un dîner entre
personnages importants ( politique, économie...). Le prix élevé des
prestations restreint cette possibilité aux grandes sociétés ou partis
politiques influents. D'ailleurs, seuls un nombre limité d'invités,
ayant une parfaite connaissance de la culture japonaise, peuvent véritablement
apprécier cette forme d'art "vivant". Les
apprenties Geishas doivent appartenir à une "maison" ( Okiya )
pour être formées. En échange de travaux domestiques, elles apprennent
les rudiments de leur futur métier. Elles sont alors pleinement acceptées
et obtiennent le titre de Maïkos. La formation reste longue, astreignante
et dure plusieurs années. L'apprentissage quotidien est basé sur le
chant, la danse, les instruments de musique traditionnels. C'est seulement
au terme de cette instruction qu'elles deviennent alors de véritables
Geishas. |
Généralement
une Geisha est la maîtresse reconnue d'un homme influent qui l'entretien. Cela
fait partie du "standing" de ce dernier qui doit dépenser de véritables
fortunes à cet effet ( hébergement, kimonos, etc... ) Certains partis
politiques ont même leurs Geishas favorites et leurs maisons de thé dans un
quartier de rencontre ( Gion à Kyôto ).
LE COSTUME :
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Le maquillage de la bouche, dont la moitié seulement est dessinée, répond à l'idéal de la beauté alors en vogue. Une grande bouche était considérée comme vulgaire. |
Dans
l'art difficile de porter le kimono, la Geisha est sûrement celle qui
excelle le mieux. Son kimono est somptueux, égalant en richesse et
raffinement celui du mariage. Il est de type Kosode avec des couleurs éclatantes.
Entièrement réalisé à la main, il arbore de délicats motifs de décoration,
et un Obi ( ceinture ) large et coloré. La tenue de la Geisha
("personne confirmée dans les arts " ) est moins voyante que
celle des Maikos ( apprenties ). Celles-ci arborent un Furisode ( manches
longues ) et une coiffure très chargée avec de nombreux peignes et
ornements, afin d'attirer l'attention. Chaque
Geisha possède environ une quinzaine de somptueux kimonos dont le prix
peut varier de 80 à 150.000 F ( 12.000 à 23.000 € ). Achetés par la
patronne ( Mama San ) de sa "maison", ils seront remboursés au
fur et à mesure des gains obtenus par la Geisha. Ce remboursement s'étale
généralement sur plusieurs années. |
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