La Femme

Une image malfaisante imposée par la religion

 

bv6.jpg (82268 octets)

« Femme, tu es la porte du Diable. C’est toi qui a touché à l’arbre de Satan et qui la première a violé la Loi Divine », déclarait Tertullien au 3e siècle. Responsable de la chute du genre humain (d’où les douleurs de l'accouchement), exclue, dans de nombreuses religions, du sacerdoce, la femme, qualifiée de « mâle mutilé » (Aristote), de « diminutif d’Adam » (Bossuet), de « statue vivante de la stupidité » (Lamennais), la femme est dans la plupart des traditions, une créature dont il convient de se méfier et qui peut être dangereuse.

 

La femme, jeune et belle (donc séduisante) est aussi menaçante que la femme âgée. Celle qui est enceinte, qui a ses règles, ou qui accouche, est particulièrement impure (sans compter que conception, maternité et menstruation ont longtemps gardé leur mystère).

La femme s'est vu affublée des plus grands défauts : cruauté, cupidité, arrogance, mensonge, paresse, dissimulation, impudeur, frivolité, esprit de vengeance, inconstance. Selon le dicton, « femme, lune et vents changent souvent ».

   

V01-023.jpg (22614 octets)

« On pourrait noter, lit-on dans le Malleus maleficarum (1486), qu'il y a comme un défaut dans la formation de la première femme, puisqu'elle a été faite d'une côte courbe, c'est-à-dire d'une côte de la poitrine, tordue et comme opposée à l'homme. Il découle aussi de ce défaut, que comme un vivant imparfait, elle déçoit toujours. » Un conte veut encore que « l'homme fut pétri avec soin par les dieux dans une grosse motte de terre; il ne restait plus de matière quand il s'agit de faire la femme et l'opération réussit moins bien. Avec les débris furent créés les singes et les pygmées, de sorte que la femme tient le milieu entre l'homme et le singe » (RTP, XXIV, 331 ).

 

Bien avant d'être « l'avenir de l'homme » (Aragon), la femme fut accusée de « cherche[r] constamment à rabaisser l'homme au niveau de la matière » (VILD) et d'entraîner fréquemment sa perte : les femmes « tuent les hommes en épuisant leur bourse (sic), consumant leur santé, leur faisant perdre la voie de Dieu » (Malleus maleficarum). Pour Honorius d'Autun, « l'homme signifie les bonnes pensées de l'âme, la femme les imaginations vicieuses » (cité par VILD). Certains prétendirent même que le mot femina venait de fe (foi) et de mina (moindre).  

 

Le sexe de la femme est l' « instrument de la damnation » : " vagin castrateur, vulve infernale (in vulva infernum) [il] est fréquemment qualifié de gouffre inouï, sentier glissant et bouche des vices. C'est par lui que le péché s'est introduit dans le monde, faisant de la femme la complice, sinon la servante de l'Ennemi du genre humain » (id, 149).

Saint Pierre Damien traite la femme " d'amorce de Satan, de poison des âmes, de sangsue insatiable et de tigresse assoiffée ». Saint Bernard affirme que" vivre avec une femme sans danger est plus difficile que de ressusciter un mort ». Odon, abbé de Cluny, quant à lui, s'interroge : " Comment pouvons-nous désirer embrasser ce sac de fientes ? »

 

 

Associée à la lune (astre des déesses alors que le soleil est celui des grands dieux), la femme participe par conséquent du symbolisme de la « reine de la nuit » : fécondité, pouvoirs souvent redoutables, relations privilégiées avec la magie et le monde invisible. L'Antiquité a donné les plus grandes magiciennes, telle Circé, et les sibylles ou prophétesses.

 

Les femmes, auxquelles on attribue un grand don de fascination, passaient, aux yeux des démonologues Bodin (mort en 1596) et Delancre (mort en 1631) pour bien plus aptes à la sorcellerie et à la magie que les hommes : " C'est une terrible chose qu'une femme qui s'entend avec le diable », disaient-ils. Les femmes furent d'ailleurs les principales victimes des procès de sorcellerie.  

La femme était également associée aux 2 emblèmes du Mal : le chat et le serpent. Le serpent qui incita Eve à manger le fruit défendu, participa à la création de la femme.

 

Retour au Sommaire Fémina