Les es

"Au soleil, déployant leurs ailes transparentes d'insectes,
Elles glissent sur le vent ou plongent dans les nuages d'or,
Silhouettes translucides, trop menues pour l'œil humain,
Leurs corps fluides se fondent à demi dans la lumière."


Alexander Pope, La Boucle derobée

 

Les fées, qui descendent des Moires grecques et des Parques Romaines, comme leur nom dérivé de fatum (destin) le montre, ont une origine celtique. Elles « apparaissent comme le dernier, le plus persistant de tous les vestiges que le druidisme a laissé empreints dans les esprits » (cité par CHES, art. « Fées ») 

Esprits libres de la Nature, les fées s’incarnent de nombreux personnages souvent belles et  malicieuses…  On les trouve souvent dans les forêts. 

 

Maîtresse de la magie, la fée symbolise les pouvoirs paranormaux de l'esprit ou les capacités prestigieuses de l'imagination. Elle opère les plus extraordinaires transformations et en un instant comble ou déçoit les désirs les plus ambitieux.

    

La fée irlandaise est par essence la banshee, dont les fées des autres pays celtiques ne sont que des équivalents plus ou moins altérés.  Elle voyage souvent sousAu départ, la fée, qui se confond avec la femme, est une messagère de l'Autre Monde. la forme d'un oiseau, d'un cygne, de préférence. 

Mais cette qualité n'a plus été comprise lors de la Christianisation et les transcripteurs en ont fait une amoureuse venant chercher l'élu de son cœur. La banshee est par définition un être doué de magie. Elle n'est pas soumise aux contingences des trois dimensions et la pomme ou la branche qu'elle remet ont des qualités merveilleuses.

  Shakespeare a très bien montré, avec la Reine Mab, l'ambivalence de la fée, qui est capable de se transformer en sorcière :

Alors je vois que la Reine Mab vous a visité

C'est l'accoucheuse des fées et elle vient

Pas plus grosse qu'une pierre d'agate

A l'index d'un échevin

Traînée par un attelage de petits atomes...

... c'est toujours cette Mab

Qui tresse la crinière des chevaux la nuit

Et dans leurs poils gluants

Fabrique des nœuds magiques

Qui débrouillés font arriver de grands malheurs.

C’est la sorcière... 

   

(Roméo et Juliette, trad. de Pierre-Jean Jouve et Georges Pitoëff, Editions Formes et Reflets, Paris 1955).

 

Assemblées généralement par 3, les fées tirent du fuseau le fil de la destinée humaine, l'enroulent sur le rouet et le coupent l’heure venue, de leurs ciseaux. Le rythme ternaire, qui caractérise leurs activités est celui de la vie même: jeunesse, maturité, vieillesse, ou bien naissance, vie et mort . Ce sont les Parques.

 Pour mieux comprendre le symbolisme des fées, il faut, par-delà Parques et Moires, remonter aux Kères, divinités infernales de la mythologie grecque, sortes de Walkyries qui s'emparent des agonisants sur le champ de bataille, mais qui, selon l'Iliade, paraissent aussi déterminer le sort, le destin du héros, auquel elles apparaissent en lui offrant un choix, dont dépendra l'issue bénéfique ou maléfique de son voyage.

 

La filiation des fées montre qu'elles sont originellement des expressions de la Terre ­Mère. Mais le courant de l'histoire les a fait peu à peu monter du fond de la terre à sa surface, où, dans la clarté de la Lune, elles deviennent esprits des eaux et de la végétation. Les lieux de leurs épiphanies montrent cependant clairement leur origine ; elles apparaissent en effet le plus souvent sur des montagnes près des crevasses et des torrents, sur les innombrables tables de fées ou dans le plus profond des forêts, au bord d'une grotte, d'un abîme, d'une cheminée des fées, ou encore prés d'un fleuve mugissant ou au bord d'une source ou d'une fontaine.  

  

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