Les Fées
"Au
soleil, déployant leurs ailes transparentes d'insectes,
Elles glissent sur le vent ou plongent dans les nuages d'or,
Silhouettes translucides, trop menues pour l'œil humain,
Leurs corps fluides se fondent à demi dans la lumière."
Alexander Pope, La Boucle derobée
Esprits libres de la Nature, les fées s’incarnent de nombreux personnages souvent belles et malicieuses… On les trouve souvent dans les forêts. |
Shakespeare a très bien montré, avec la Reine Mab, l'ambivalence de la fée, qui est capable de se transformer en sorcière :
Alors
je vois que la Reine Mab vous a visité C'est
l'accoucheuse des fées et elle vient Pas
plus grosse qu'une pierre d'agate A
l'index d'un échevin Traînée
par un attelage de petits atomes... ...
c'est toujours cette Mab Qui
tresse la crinière des chevaux la nuit Et dans leurs poils gluants Fabrique des nœuds magiques Qui
débrouillés font arriver de grands malheurs. C’est la sorcière... |
(Roméo
et Juliette, trad.
de Pierre-Jean Jouve et Georges Pitoëff, Editions Formes et Reflets, Paris
1955).
Assemblées
généralement par 3, les fées tirent du fuseau le fil de la destinée humaine,
l'enroulent sur le rouet et le coupent l’heure venue, de leurs ciseaux. Le
rythme ternaire, qui caractérise leurs activités est celui de la vie même:
jeunesse, maturité, vieillesse, ou bien naissance, vie et mort . Ce sont les
Parques. |
Pour
mieux comprendre le symbolisme des fées, il faut, par-delà Parques et Moires,
remonter aux Kères, divinités infernales de la mythologie grecque, sortes de
Walkyries qui s'emparent des agonisants sur le champ de bataille, mais qui,
selon l'Iliade, paraissent aussi déterminer le sort, le destin du héros,
auquel elles apparaissent en lui offrant un choix, dont dépendra l'issue bénéfique
ou maléfique de son voyage.